Droit à la déconnexion
Temps de lecture : 4 minutes

Le droit à la déconnexion correspond à une mesure visant à favoriser une meilleure séparation entre les obligations professionnelles et la vie privée. Elle concerne l’usage des outils numériques professionnels en dehors des heures de travail habituelles et entend limiter les sollicitations, afin de préserver la santé mentale des salariés et le respect des temps de repos. Découvrez la portée de cette clause, les aspects légaux et pratiques qui l’entourent, ses déclinaisons selon les secteurs et propose quelques outils pour faciliter sa mise en œuvre dans les organisations.

Définition et enjeux du droit à la déconnexion

Le droit à la déconnexion permet aux salariés de ne pas être tenus de consulter ou d’utiliser leurs outils numériques professionnels (messagerie, applications internes, visioconférences, etc.) en dehors de leurs horaires contractuels. Cela comprend aussi bien les appareils fournis par l’entreprise que ceux utilisés de manière personnelle. Cette mesure contribue à préserver les horaires de repos et les périodes de congé, et à limiter l’intrusion du travail dans la sphère personnelle.

À mesure que l’usage du numérique s’intensifie dans toutes les sphères de la vie professionnelle, il devient particulièrement utile de fixer des limites claires dans les interactions numériques. Le droit à la déconnexion permet d’atténuer certains risques liés à cette hyperconnexion : surcharge mentale, fatigue prolongée ou difficultés à se détacher du travail.

Pour enrichir cette analyse, une vidéo explicative aborde les points essentiels autour du droit à la déconnexion :

Obligations légales et mise en place de la charte

Instaurée par la loi Travail du 8 août 2016, l’introduction du droit à la déconnexion est inscrite à l’article L.2242-17 du Code du travail. Depuis le 1er janvier 2017, toute entreprise ayant un effectif supérieur à 50 salariés se voit dans l’obligation d’aborder ce thème au moment des négociations annuelles relatives à la qualité de vie au travail (QVT).

Pour concrétiser ce droit au sein de l’entreprise, deux modalités principales sont possibles :

  • Un accord collectif aboutissant à un document partagé défini en concertation avec les représentants du personnel.
  • Une charte élaborée par la direction de manière unilatérale après avoir rencontré le Comité Social et Économique (CSE).

Ce document de référence précise les règles concernant l’usage des outils numériques en dehors des horaires normaux. Il mentionne les périodes pendant lesquelles les salariés ne devraient pas être sollicités et formalise les principes applicables à tous les acteurs de l’entreprise[2]. Il peut aussi inclure des modules de sensibilisation et de formation sur la question. Cela se révèle pertinent dans les secteurs où l’instantanéité de la communication rend difficile la mise à distance (télécoms, audit, IT, etc.).

Bien qu’aucune sanction directe ne soit imposée en l’absence de mise en place de ces mesures, cela ne dispense pas l’organisation d’une obligation en matière de protection de la santé psychologique et physique de ses salariés. Si la déconnexion fait défaut ou reste inefficace, la responsabilité juridique de l’employeur peut être soulevée.

Impact psychologique et témoignage

L’introduction du droit à la déconnexion ne se limite pas à une formalité administrative. Elle appelle à des évolutions collectives dans la manière de travailler et dans la gestion du temps. D’un point de vue individuel, les effets peuvent être observés sous plusieurs aspects :

  • Diminution du niveau de tension lié aux sollicitations fréquentes en dehors des horaires contractuels.
  • Meilleure organisation générale et séparation plus nette entre travail et temps personnel.
  • Tendance à percevoir une diminution de certains troubles physiques liés au stress ou à la mauvaise posture numérique.

« Avant que la charte sur la déconnexion ne soit mise en place, je consultais mes emails à toute heure, y compris pendant mes week-ends. Je ressentais une pression constante à répondre rapidement. Après l’adoption de règles internes claires, les communications professionnelles sont devenues plus cadrées. Je ressens moins de fatigue et je suis davantage concentré pendant mes heures de travail. J’ai également noté des échanges familiaux plus sereins. »

Tableau comparatif : Avant/Après la charte de déconnexion

IndicateurAvant la charteAprès la charte
Tension perçueImportante (sollicitations hors horaires fréquentes)Plus modérée (meilleur respect des temps de repos)
Organisation quotidiennePeu stable (contacts imprévus, interruptions constantes)Plus structurée (délimitation plus claire du temps de travail)
Attention et efficacitéInégales (distractions mentales, fatigue accumulée)Plus constantes (périodes de travail mieux cadrées)
Présence au posteRetardée ou altérée (épuisement, nombre de jours d’arrêt croissant)Améliorée (moins de fatigue prolongée, demandes de pause plus réfléchies)
Perception du climat socialVariable, souvent floueJugée plus stable (meilleure relation avec la hiérarchie)
Qu’est-ce que le droit à la déconnexion ?

Il s’agit d’une disposition qui permet aux travailleurs de ne pas être sollicités via leurs canaux numériques professionnels en dehors des heures liées à leur contrat. Son objectif est de préserver leur repos et leur bien-être.

Quels outils numériques sont concernés ?

Tout support utilisé dans le cadre professionnel : messagerie électronique, outils collaboratifs, téléphones mobiles, postes informatiques, etc.

Quelles sont les règles à suivre pour adopter une charte ?

Dans les structures de plus de 50 salariés, une discussion doit être engagée avec les représentants du personnel. Lorsqu’aucun terrain d’entente n’est trouvé, l’employeur peut établir une charte après consultation du CSE.

Que faire en cas de problème professionnel devant être traité immédiatement ?

L’entreprise peut prévoir certains cas particuliers où le contact est autorisé, à condition d’avoir défini en amont ce qu’elle considère comme un événement prioritaire, et d’en informer les collaborateurs concernés.

Y a-t-il des sanctions en cas de non-respect ?

La loi ne prévoit pas de pénalité directe, mais des conséquences juridiques peuvent apparaître si une procédure est jugée insuffisante pour protéger la santé des salariés.

Ce dispositif concerne-t-il tous les métiers ?

Il s’adresse à toute personne utilisant des technologies numériques dans son quotidien professionnel, indépendamment du secteur. L’approche peut varier selon le mode de travail : sédentaire, itinérant ou à distance.

Y a-t-il des projets de modification de la loi ?

Quelques ajustements sont envisagés pour s’aligner aux nouvelles manières de travailler, en particulier dans le cadre du télétravail, qui s’est développé rapidement.

Le droit à la déconnexion s’inscrit dans une dynamique visant à repenser les limites entre disponibilité numérique et respect des temps personnels. Mettre en place ce dispositif passe généralement par l’élaboration d’une charte ou d’un accord, avec l’engagement des différentes parties de l’entreprise (employeurs, représentants, salariés). En complément, des actions de communication, de rappel des bonnes pratiques et un suivi régulier peuvent stimuler une meilleure appropriation. Même si les effets varient selon les contextes, une organisation qui facilite la maîtrise du temps et l’autonomie de ses équipes peut en tirer des bénéfices durables en matière de qualité de vie au travail.

Sources de l’article

  • https://www.legifrance.gouv.fr/jorf/article_jo/JORFARTI000032984268
  • https://www.francenum.gouv.fr/guides-et-conseils/gestion-des-ressources-humaines/qualite-de-vie-au-travail/droit-la-deconnexion

Qui sommes-nous ?

Trajectoire vers l’emploi est dirigé par deux professionnelles en ressources humaines, offrant une expertise en communication, nouvelles technologies RH, management et droit du travail. Leur blog vise à partager des solutions concrètes pour les candidats, les employés et les entreprises, offrant des informations utiles sur le recrutement, l'évolution professionnelle et le marketing. Découvrez l'équipe.